Document d'orientation
- Adopté au 37e congrès Fédéral du 14 au 18 novembre 2022 à Taglio-Isolaccio
Préambule
Ce document d’orientation s’inscrit dans le prolongement des orientations définies lors des précédents congrès, notamment celles du 36e Congrès Fédéral et du 52e Congrès Confédéral. La consultation des syndiqués qui a été initiée par la fédération a permis de dégager les grands axes, de contribuer à la construction et l’écriture du projet de ce document. Nous nous sommes également appuyés sur les nombreux congrès et Assemblées Générales (AG) dans les syndicats départementaux. 17 congrès et 6 AG, soit 23 réunions de syndiqués, ont eu lieu de juin à décembre 2021 et 43 congrès et 2 AG, soit 45 réunions de syndiqués, se sont tenues en 2022.
Depuis juin 2021, 68 congrès ou AG de syndicats départementaux ont permis de contribuer à faire vivre la démocratie dans notre organisation. Ces rencontres de syndiqués confirment la nécessité de poursuivre la mise en œuvre du triptyque dans le but de renforcer la fédération.
A savoir : devenir véritablement la CGT FAPT de toutes et tous, partir du travail dans notre rapport aux salariés, mettre l’engagement de tous les syndiqués sans exclusive au cœur de notre stratégie syndicale. Ce document ne s’attarde ni sur le constat de la situation sociale ou le vécu dans nos différentes entreprises, ni sur nos propositions revendicatives, ni sur le bilan d’activité de ces 4 dernières années (cf 2 : Militant Conseil National de Ronce les Bains).
Tous ces éléments ont été largement détaillés et débattus lors des Conseils Nationaux (CN) ou encore dans les fiches sur les Repères Revendicatifs Fédéraux (RRF) adoptés en juin 2021. Nous avons voulu un document qui porte sur nos objectifs et la manière dont on entend travailler à tous les niveaux pour gagner plus d’efficacité. Nous avons besoin de donner des réponses à des problématiques.
L’enjeu porte sur ce que la fédération dans son ensemble a comme priorité, sur la prochaine période de 3 ans. Ce document a été écrit pour être un document pratique, un outil pour toutes et tous les syndiqués de la CGT FAPT et leurs structures, avec pour objectif de mettre en œuvre, ensemble, cette feuille de route.
La CGT porte un syndicalisme de lutte de classe et de masse qui ne peut se construire avec une poignée de militants, mais bien avec le salariat de façon très large et ce sera bien un outil majeur qui nous permettra d’atteindre l’émancipation et l’épanouissement des travailleurs.
Notre ambition est de construire un rapport de force favorable aux travailleurs. D’une part cela implique que nous partions de la réalité : malgré une bonne image auprès du monde du travail, la CGT estime rayonner seulement sur 25% du salariat et si nous prenons une CGT en contact réel avec les salariés les chiffres sont encore en deçà. D’autre part, soyons convaincus collectivement qu’il nous faut absolument organiser et faire grandir une CGT au plus près des salariés, là où elle est implantée mais aussi aux endroits où elle ne l’est pas encore. Au 30 avril 2022, dans notre champ, nous sommes implantés dans 234 entreprises.
Nous le sommes majoritairement à La Poste et Orange. Si nous regardons de plus près, dans les activités télécom, nous sommes implantés dans 162 entreprises dans lesquelles nous recensons 5473 syndiqués (4748 employés et 725 cadres). Du côté des activités postales, 4 nous sommes implantés dans 72 entreprises dans lesquelles nous dénombrons 20486 syndiqués (18529 employés et 1957 cadres). Cependant dans une multitude d’entreprises du secteur nous avons peu de syndiqués, voire pas du tout (cf 3 : géographie syndicale).
Nous estimons que notre champ représente 700 000 salariés actifs, sans compter le nombre de retraités qu’il est difficile d’évaluer. Nombre d’entreprises du champ fédéral sont des multinationales qui organisent le dumping social et mettent en concurrence les salariés, en France, en Europe et dans le monde. Nous utilisons facilement le terme d’inédit pour caractériser une situation.
Mais depuis le 36e congrès fédéral, nous pouvons réellement dire que nous vivons une période inédite traversée par la crise sanitaire du Covid 19 qui a frappé partout dans le monde des populations entières avec des conséquences incalculables. Un contexte de tensions et de guerre dans de nombreuses régions du monde dont les conséquences sont désastreuses, provoquant des centaines de milliers de morts et de victimes, des catastrophes sociales, sanitaires, environnementales, d’énormes déplacements de population. Le 1er confinement a fait prendre conscience de l’urgence à modifier nos modes de consommation et de production au service indispensable du bien-être de toutes et tous, de la nécessaire préservation de la biodiversité et des dangers d’un capitalisme mortifère.
Le cocktail, capitalisme, Covid 19, transformation numérique de l’industrie, des services et de la communication en général, a grandement fait avancer les nouvelles formes d’exploitation : la réorganisation des chaines de valeurs et des filières, le mouvement général de précarisation des emplois, la perte de sens général du travail.... Le travail est la question centrale et irrigue donc tous les enjeux : sociaux, économiques, environnementaux, politiques, européens, internationaux,...
Toutes les luttes sur les lieux de travail pour les conditions de travail, l’emploi, les salaires..., notamment dans notre secteur, prouvent que les travailleurs exigent plus de justice sociale, plus d’égalité par une autre répartition des richesses face au coût du capital. Ces mobilisations trouvent un prolongement dans les luttes interprofessionnelles, à l’exemple de la réforme des retraites, de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes,... mais aussi dans de multiples mobilisations contre les violences sexistes et sexuelles ou comme les marches pour le climat, le mouvement des « gilets jaunes », les marches pour la paix, les marches des fiertés, les luttes unitaires contre les idées d’extrême droite ... Les mutations du monde du travail se sont accélérées.
Avec celles-ci, de « nouveaux » enjeux émergent ou prennent plus d’ampleur, tels le numérique, la digitalisation, la dématérialisation, les nouvelles formes de travail (télétravail, travail déporté, unité autonome, auto-entrepreneur,...) avec les questions environnementales comme enjeux transverses. Des questions qui interrogent et percutent notre syndicalisme et auxquelles nos orientations doivent répondre. Il y a un bouleversement dans le travail, dans le rapport au travail des travailleurs, dans les comportements individuels et collectifs. De nouveaux contenus revendicatifs renforcent nos propositions revendicatives, particulièrement le service public de la communication au service du droit à la communication.
Ce droit est devenu encore plus fondamental avec l’accélération ces dernières années de la transformation numérique de la société, de sa marchandisation en passant d’une logique publique à une logique privée. La transformation numérique pénètre aussi bien l’économie, l’environnement, que le travail et la vie personnelle. Nous avons intégré dans nos repères revendicatifs la notion de service public des données. (cf 4 : Repères Revendicatifs Fédéraux- Fiche 8) 5 Nos orientations et notre 37e congrès réaffirment plus que jamais le besoin de conquérir le droit fondamental à la communication (cf 5 : article 11 – Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789).
C’est une exigence d’actualité au cœur de la démocratie. Nous avons vécu deux graves accidents dans cette mandature qui illustrent parfaitement notre exigence de service public de la communication, d’appropriation publique et de maîtrise publique des réseaux avec les risques de piratage aux niveaux européen et mondial. Seul le service public peut assurer et garantir l’intégrité de son usage. (cf 6 et 7 : communiqués fédéraux sur les plis électoraux et la panne des numéros d’urgence). Le droit à la communication nécessite une fédération qui se renforce dans toutes les entreprises liées aux activités postales et de télécommunications avec le but de répondre aux besoins immédiats des salariés.
Dans le même temps, cela nécessite d’organiser la recherche de convergences entre les salariés dans des entreprises différentes avec des droits et garanties différents, qui font le même métier, participent à la même chaîne de valeur avec comme finalité du travail le droit à la communication. La construction du Nouveau Statut du Travail Salarié prend tout son sens dans notre champ fédéral. (cf 8 : RRF – Fiche 1).
Ce défi dépasse chaque jour un peu plus notre périmètre actuel et nous conduit à rechercher les coopérations au niveau territorial avec d’autres fédérations et à travailler avec les Unions Départementales et Unions Locales, ainsi qu’au niveau international. Pour la fédération, cela pose la question à terme de la redéfinition des champs professionnels, tels que décidé dans les précédents congrès confédéraux. Faire vivre en grand le fédéralisme est un principe essentiel de fonctionnement de la CGT qui permet l’autonomie des syndicats départementaux et lutte contre la centralisation de l’activité.
Conçu pour favoriser la démocratie, il permet aux syndiqués dans leur diversité, de s’exprimer et d’être respectés dans le fonctionnement syndical. Le fédéralisme est un atout pour être la CGT de toutes et tous.
Aucun changement de société ne pourra se construire autrement que par la transformation du travail, la conquête de libertés et de la démocratie dans la sphère des rapports sociaux du travail. Il est indispensable que les travailleurs se posent les questions de comment et pourquoi ils produisent, pour quelle finalité, avec quels impacts sur la société et sur la planète. Inévitablement, nos orientations reposent la question du fonctionnement de nos structures.
Elles se donnent comme priorité de repenser la façon dont nous sommes organisés à partir du lieu de travail, et à tous les niveaux de la fédération pour qu’elles soient véritablement au service de nos objectifs : être une CGT FAPT visible, utile et efficace. Cela ne sera réellement possible qu’en renforçant notre fédération par une syndicalisation de masse.
Une CGT FAPT animée par ses syndiqués, acteurs de l’outil CGT du quotidien, organisée au plus près des lieux de travail pour bâtir l’avenir avec les travailleurs. Les axes de nos orientations nous renvoient aux fondamentaux historiques de la CGT dans le contexte actuel porteur d’exigences, de recherche de rassemblement autour de la réaffirmation de nos valeurs d’égalité, de démocratie, de fraternité, de solidarité, internationaliste, fondamentalement antifasciste et de paix entre les peuples.
La démocratie dans la CGT FAPT est au cœur de notre démarche syndicale. Il est indispensable que les syndiqués participent, s’impliquent, soient véritablement acteurs et décideurs pour déployer la démarche syndicale à partir du vécu et des besoins des travailleurs, gage de démocratie ouvrière.