Temps de travail et environnement
2 janv. 2024

Réduire le temps de travail : un enjeu environnemental, sociétal.
Travailler moins pour polluer moins, Travailler moins, mieux, tous et toutes. Les finalités du travail, son organisation, sa durée tout au long de la vie, sont des questions au cœur de l’affrontement capital/travail. Pour le capital, le travail reste un coût qu’il faut réduire afin de maximiser toujours plus les profits.
Dès lors qu’il est à l’origine de la production des richesses et de la valeur ajoutée produite, le temps passé au travail aurait vocation à être sans cesse augmenté par différents leviers. Pour cela, le patronat joue sur plusieurs tableaux : l’augmentation du temps de travail dans ses dimensions annuelle, mensuelle, hebdomadaire ; l’explosion des différentes formes de travail à temps partiel ; le recours aux heures supplémentaires ; la multiplication des temps de travail non déclarés ; les ruptures conventionnelles collectives ; le licenciement des plus âgés ; la recherche continue du recul du droit au départ à la retraite…
Contrairement à ce que cherchent à faire croire patronat, organisations politiques et médiatiques réactionnaires, la réduction du temps de travail n’est en rien une lubie française. Elle constitue même un sujet d’ampleur mondiale… L’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne ont pris ce chemin… En 2020, la Confédération Européenne des Syndicats (CES) s’est exprimée en demandant un agenda afin de coordonner les négociations pour une réduction de la semaine de travail sans réduction de salaire et des dispositions pour un contrôle du temps de travail, de la qualité de la vie professionnelle et de la sécurité des revenus en cas de maladie.
Le mouvement "4daysweek" mène campagne pour la réduction du temps de travail aux USA, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en Grande-Bretagne… La robotisation, le développement de l’intelligence artificielle sont des facteurs de gains de productivité qui, plutôt qu’au service d’une rémunération accrue du capital, doivent être mis à celui de l’amélioration des conditions de travail, de la réduction du temps de travail, de la formation professionnelle, de l’augmentation des salaires…
Réduire le temps de travail à 32H en jour/28H en nuit, une efficacité au service de la planète et du bien-être humain. Dans un contexte de dégradation généralisée des conditions de travail, qui se traduit par une dégradation de l’état de santé des hommes et des femmes qui travaillent, la réduction du temps de travail est une sérieuse piste à explorer.
Pour la santé des travailleurs:
L’augmentation des arrêts-maladies, notamment les plus longs, le taux élevé d’Accidents du Travail, de dépression, de burn-out quand ce n’est pas plus grave, sont les tristes démonstrations que la santé au travail se dégrade. Ne parle-t-on pas de souffrance au travail ? Il est utile de rappeler que la santé des postier.e.s est, dans les risques étudiés par le Groupe La Poste, évaluée tous les ans comme risque critique et majeur, sans qu’aucun véritable plan d’action ne soit mis en place, le contraire même avec la disparition programmée des CHS-CT et l’éloignement du lieu de travail de ceux-ci par la mise en place imposée par les ordonnances Macron, des CSE…
Toutes les luttes sociales menées par les travailleurs au 19e et 20e siècle, toujours opposées au patronat, ont démontré l’importance des conquis sociaux sur la réduction du temps de travail dans l’amélioration du bien-être collectif et individuel.
Depuis plus de 20 ans, le rapport au travail change notamment chez les jeunes, mais pas que pour eux, qui aspirent à une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, tout en gardant un œil sur l’intérêt collectif et écologique de leur futur travail. Nous avons pu le constater lors des mobilisations et manifestations contre la dernière et injuste réforme des retraites.
Les études récentes faites sur la semaine de 4 jours démontrent les bienfaits de cette organisation : moins de stress, d’arrêt-maladie… plus de repos, de motivation…
Pour l’emploi :
Le passage aux 35h a créé 350 000 emplois, dégager du temps libre pour soi, sa famille… En 2018, les actifs à temps plein avaient une durée moyenne de travail de 40,5 heures par semaine (source Insee). Cette durée était de 39,1 heures pour les seuls salariés. Et que dire des cadres, dont près de la moitié sont au forfait jours, avec 46,6 heures de travail par semaine en moyenne. Ce qui est le signe, non pas d’un échec des 35 heures, mais plutôt de leurs malfaçons.
Le passage aux 32h hebdomadaires en 4 jours, là où c’est possible, doit être envisagé dans nos métiers. Une occasion pour reparler du contenu et du sens du travail… Pour préserver l’environnement et transformer la société : Notre temps de travail a un impact direct sur notre environnement, et particulièrement sur le réchauffement climatique. Plusieurs études universitaires portant sur l’interaction temps de travail/environnement arrivent à la même conclusion : réduire le temps de travail se traduit par une moindre consommation énergétique et de ressources, et a donc un effet bénéfique pour l’environnement.
Attention au retour de flammes !
Les activités économiques sont responsables du dérèglement climatique. Les liens sont aujourd’hui faits entre la consommation, le produire plus, donc le besoin de plus de ressources, et la dégradation du climat. Les différents rapports scientifiques ont largement contribué à éclairer les plus sceptiques en alertant sur les menaces qui nous guettent…
Les emplois, en lien avec le défi climatique qui nous attend, peuvent et doivent être créés. Convaincus que l’avenir de notre planète s’écrit dans notre travail.
La parole aux travailleurs,
La réduction du temps de travail ne doit pas se traduire par une intensification du travail, au contraire. C’est en libérant la parole des salariés sur leur travail, en leur donnant de nouveaux droits d’intervention sur les outils, quantifiant et organisant leur temps de travail afin d’éviter les dérives observées lors du passage aux 35 heures. Dans cet objectif, sur la base d’un cadre législatif fort, il est nécessaire de transformer le travail et son organisation pour permettre aux salariés de s’y épanouir. Parce qu’elles impactent directement leur vie, les modalités d’organisation du temps de travail doivent être déterminées par celles et ceux qui produisent les richesses, c’est le droit d’intervention sur le contenu de son travail. Source de toutes les richesses réelles, le travail constitue un levier essentiel des transformations à venir…
La CGT propose:
- Une nouvelle étape de réduction du temps de travail hebdomadaire, avec un cadre légal à 32 heures, 28 heures en nuit, sans baisse de salaire, et avec obligation de créations d’emplois.
- Pour financer la baisse du temps de travail sans perte de salaire, il faut imposer le contrôle, la réorientation et la conditionnalité des aides publiques massives, actuellement versées au patronat, sans contrepartie sur l’emploi et les salaires.
- Des droits nouveaux pour les salariés permettant, sur la base du cadre légal, de déterminer les modalités d’organisation de la réduction du temps de travail : augmentation des droits et moyens des élus et mandatés du personnel ; création de comité inter-entreprises donneurs d’ordre/sous-traitants…
- Le renforcement des moyens d’intervention des salariés dans les entreprises et administrations, notamment par l’élargissement des compétences des instances de représentation à la dimension environnementale, des modes d’organisation du travail et aux finalités de la production. Cela nécessite, notamment, le rétablissement des CHSCT et le renforcement de leurs moyens et prérogatives, avec, en particulier, un droit de véto dans le cadre des réorganisations et restructurations.
- 15€/heure – 32h/semaine – Retraite à 60 ans
Pour notre santé physique et mentale, pour l’emploi, pour le climat