Groupe La Poste : la nomination d’un nouveau PDG retardée…
26 juin 2025

Communiqué de presse
Depuis hier matin Philippe WALH et Philippe BAJOU partagent le poste de Président Directeur Général du Groupe La Poste.
Dorénavant, le premier sera un Président du Conseil d’Administration, tandis que le second fera office de mandataire social en tant que Directeur Général Délégué. Chacun recevant la rémunération fixe maximale de 450000 euros prévue pour les entreprises publiques, portant ainsi le salaire lié à la fonction de PDG à 900000 euros ! Philippe WAHL touché par la limite d’âge cette année, devait être remplacé avant le 25 juin. L’ingénieuse ruse du binôme va finalement lui permettre de rester membre du Conseil d’Administration, en l’absence de nomination d’un nouveau PDG.
Les statuts du Conseil prévoyaient déjà la possibilité de nommer un Directeur Général Délégué pour assister le PDG, mais jamais cela n’avait été utilisé. Dans l’attente d’une nomination par le Président de la République, aucune information n’a été donnée sur la durée de cette gouvernance temporaire inédite. On ne sait combien de temps va durer cet intérim, la nomination devant être précédée d’un passage par la case parlementaire.
Au-delà du PDG, d’autres membres entrent dans le Conseil d’Administration. Il s’agit d’individus qui portent des orientations stratégiques à l’opposé des valeurs de service public que soutient la CGT.
Parmi les nouvelles entrées, figure le PDG de la SNCF nommé à la tête du Comité des missions de service public - pour ses précieuses connaissances en la matière sans doute - également « intérimaire » - tout comme Philippe WALH et un nombre considérable de ses collègues de La Poste. Celui qui n’aura eu de cesse de fermer massivement guichets et points de contact pour les usagers de la SNCF, pourrait vouloir convoiter le réseau postal pour palier à moindre coût à la destruction du réseau de la SNCF à laquelle il a œuvré. En février 2025, ce dernier justifiait la hausse du prix des billets de TGV en déclarant que celui-ci « n’est pas un service public » ! Il pourra attester mieux que quiconque auprès de La Poste, qu’une privatisation est bénéfique pour baisser les prix des services pour les usagers, et finir par expliquer quand ceux-ci seront trop élevés, que c’est à cause de la privatisation ?...
L’Autorité de Régulation des Communications Electroniques, des Postes et de la distribution de la presse (ARCEP) vient justement de valider un encadrement des tarifs du « Service Universel Postal » (SUP) permettant des augmentations tarifaire importantes ; à raison de 7,5% en moyenne par an et 10% maximum d’augmentation par an. L’ARCEP dont l’ancien Président de 2015 à 2021 vient également d'être nommé administrateur !
Une autre nouvelle venue est la CEO d’EUROCLEAR, un des plus grands dépositaires centraux de titres, le plus grand système de règlement/livraison de titres au monde, acteur incontournable du fonctionnement des marchés financiers
Ces trois arrivées illustrent à elles seules en toute cohérence, la volonté affichée de poursuivre une stratégie délétère pour le service public, pour les salariés du Groupe et les usagers.
Tout cela montre combien « les petits arrangements entre amis » battent leur plein. Et l’« amitié » est chose sérieuse pour le Groupe ! Comble du cynisme, au moment-même où se tenait la séance du Conseil d’Administration validant ces modifications, La Banque Postale accueillait dans ses locaux une conférence du « Club des trente » tous membres du CAC40 (CDC, Orange, LVMH, Téléperformance, Thalès, etc…) dont la vocation « est d’organiser l’expression et l’influence des entreprises françaises faisant appel aux marchés financiers pour financer leur croissance et leur stratégie ». On cherche vainement l’ombre d’un réel pôle financier public au service d’autre chose que la rentabilité du capital.
Un Conseil qui a en somme renouvelé des administrateurs actionnaires de l’Etat et de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) dont les mandats arrivaient à terme… pour que rien ne change ! Sauf pour le service public postal qui vient d’être déclassé et sorti du débat parlementaire.
Bien plus qu’un problème de gouvernance transitoire, le problème demeure la mise à mal du service public qui se poursuit. La CGT exige l’appropriation publique et démocratique de toutes les activités postales, orientées vers la réponse aux besoins des populations. Ces dernières doivent impérativement être sorties des logiques de marché et sans délai !
Montreuil, le 26 juin 2025