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Le Groupe La Poste - Environnement

16 oct. 2023

Temps de lecture minutes

L’argent n’a pas d’odeur, mais il tue silencieusement notre planète.

Les ONG Greenpeace et Oxfam ont réalisé une estimation de l’impact environnemental du patrimoine financier des milliardaires français.

En France, on trouve en seconde position le fils du fondateur de l’armateur CMA-CGM, Rodolphe Saadé, dont lui et sa famille possèdent 75% de l’entreprise familiale. 23.4 milliards d’euros de bénéfice net empoché en 2022 par le groupe, surpassant la performance d’un Total Energie et d’un LVMH. Grand consommateur de pétrole, le secteur du transport maritime est l’un des plus polluants au monde. Les émissions de Rodolphe Saadé sont estimées à 23.164.603 de tonnes équivalent-carbone par an. Selon un rapport du Citepa publié en 2020, le secteur du transport est le premier émetteur de CO2 en France (31% des émissions), arrivant devant l’agriculture, le secteur résidentiel ou encore celui de l’industrie manufacturière. Le cap de la transition écologique et les choix technologiques avec le Gaz naturel Liquéfie (GNL), qui réduit de 23% d’émission de gaz à effet de serre, libérera d’importantes quantités de méthane dans l’atmosphère (enquête ONG transport et environnement de 2022).

Petit rappel de l’histoire, le groupe CMA CGM a bénéficié d’un grand coup de pouce de l’exécutif politique de 1999, puisque c’est Alain Juppé qui cédera la Compagnie Générale Maritime, alors publique, à jacques Sadée, pour un prix symbolique. Puis, en 2008, l’état Sarkozy viendra à la rescousse de l’armateur au bord de la faillite après la crise financière. C’est à huit clos, dans les bureaux de Bercy, que se négociera le dossier financier devenu politique, puisque ce sont 4000 emplois en France, directement menacés, dont une bonne partie dans la région marseillaise. Sans oublier ses grands acteurs du secteur qui ne sont pas en reste. Depuis sa tour de la Défense, Vincent Bolloré (tiens tiens ex patron de Gefco ), Louis Dreyfus Armateurs, l'autre géant français du maritime, spécialisé dans le transport de matières premières, entre aussi discrètement dans la boucle, sans préciser ses intentions. Il y a également le Taïwanais Evergreen, numéro quatre mondial. (Que du joli monde).

Et cela ne s’arrête pas la, son appétit féroce est d’étendre toujours plus sa toile, sur terre et dans les airs. Sa dernière emplette : la prise de Ceva pour 5 Milliards d’euros (anciennement Gefco appartenant à Bolloré logistics) en avril 2022. CMA CGM s’est constitué un réseau terrestre avec les rachats de Colis Privé ou de Commerce and Lifecycle Service d’Ingam Micro. Mais aussi, une entrée dans le capital d’Air France-KLM pour renforcer sa propre flotte d’avions-cargos, et de l’operateur de satellites Eutelsat pour améliorer le routage de ses portes conteneurs. Fort de ses acquisitions, il se place plus que jamais sur les plates-bandes des transporteurs traditionnels.

La CGT propose :

La CGT FAPT exige de l’état actionnaire majoritaire de La Poste des engagements face au dumping social organisé :

  • Engager la responsabilité des ensembles multilatéraux, et singulièrement de l'Union européenne devant les normes internationales du travail. Les institutions multilatérales, notamment le FMI (Fonds monétaire international), la Banque mondiale et l’OMC (Organisation mondiale du commerce), doivent également se soumettre aux normes internationales du travail de l’OIT. Les normes sociales internationales doivent être « non négociables », au même titre que les normes techniques, environnementales et de santé.
  • Renforcer la responsabilité des États devant les normes internationales de l’OIT : les infractions aux conventions internationales du travail doivent faire l’objet de sanctions ;
  • Engager la responsabilité des entreprises et particulièrement des firmes multinationales devant les normes internationales du travail ;
  • Envisager la mise en place d’une conditionnalité sociale qui devrait s’appliquer aux échanges commerciaux internationaux.
  • Un développement humain durable, renforçant la place centrale de la proposition d’un Nouveau Statut du Travail Salarié (NSTS) pour tous les travailleurs du groupe La Poste et des sous-traitants.
  • Les donneurs d’ordre, les entreprises (publiques, privées, collectivités locales) faisant appel à des prestataires, à des sous-traitants, doivent être tenus pour responsables socialement et juridiquement des obligations que génère ce rapport en matière de conditions de travail et de sécurité, d’égalité de traitement, d’emploi, de formation, d’organisation du temps de travail.
  • Les syndicats et les institutions représentatives du personnel des donneurs d’ordre doivent avoir une complète information sur les conditions du recours à ces formes de travail, pouvoir s’y opposer et obtenir l’intégration à l’entreprise, notamment lorsque le lien de dépendance est important entre donneurs d’ordre et sous-traitants.

Quel rapport avec le groupe La Poste ?

La Poste n’est pas en dehors, puisqu’elle vient de signer un protocole d’accord le 7 février 2023 à Paris par Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste, Rodolphe Saadé, PDG du Groupe CMA CGM, Yves Delmas, directeur général de GeoPost et Mathieu Friedberg, directeur général de CEVA Logistics. Ce protocole d’accord prévoit d’approfondir les relations d’affaires entre GeoPost, filiale du groupe La Poste, et CEVA Logistics, filiale du Groupe CMA CGM, en s’appuyant sur leurs expertises, leurs services et leurs implantations respectifs pour la livraison de colis, le transport et le stockage. Selon les dires de notre président du groupe La Poste, cet accord serait pour : améliorer la qualité et la compétitivité des prestations réalisées pour leurs clients respectifs, en vue de développer de nouvelles offres dans l’économie circulaire et la logistique urbaine en France et en Europe, et ce partenariat donnerait les moyens de réduire l'impact carbone des livraisons de leurs clients, y compris les livraisons urbaines à faible émission de carbone. Le Groupe CMA CGM vise 2050 pour atteindre le net zéro carbone. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu ! Mais bien sûr !

Le groupe La Poste ne tire aucune leçon de son échec de Brt-Bartolini dont La Poste française a pris le contrôle il y a deux ans, faisant l’objet d’une enquête en vertu de la loi 231 de 2001 sur la responsabilité administrative de l’entité pour les délits commis par les dirigeants, dans l’intérêt des entreprises, où les signataires des déclarations fiscales 2017-202 pour l’émission de factures pour des opérations inexistantes visant à éluder la TVA.  Le groupe La Poste va donc s’associer à une entreprise CMA CGM, qui bénéficie de niches fiscales en or dont le manque à gagner pour les finances publiques françaises a atteint l’année dernière 3.8 milliards d’euros (les entreprises françaises, le boulanger du quartier, sont imposés à hauteur de 25% de leur bénéfice soit pour CGA/CGM entre 5 et 6 milliards sur 2022), et qui bénéficie des pavillons dits de complaisance dans d autres pays (véritables paradis fiscaux), qui lui permettent d’avoir des réglementations plus souples en matière de droit du travail, de sécurité et de protection de l’environnement. La Fédération internationale des ouvriers du transport dénonce, sur son site, la course effrénée à la maximisation des profits, que subissent les travailleurs à bord, puisque sous pavillon de complaisance, CMA CGM dispose d’une main d’œuvre internationale bon marché avec des salaires dérisoires, et des conditions de travail médiocres à bord.

Comment un groupe comme La Poste dont l’Etat en détient 34 % du capital, et la Caisse des dépôts et consignations 66 %, peuvent-ils fermer les yeux en sacrifiant l’avenir de notre service public et l’avenir écologique des futures générations ?

L’argent n’a pas d’odeur, mais il tue.