Camille Senon : tant de choses à nous dire !
5 nov. 2023
Ce 27 septembre était jour de rencontre.
Rencontre avec une grande dame qui approche de ses 100 années d’existence. Elle nous reçoit dans sa résidence à Limoges, là où elle vit entourée.
Camille Senon, est rescapée du massacre d’Oradour-sur-Glane, ce village de la Haute-Vienne dont la quasi-totalité de ses habitants furent massacrés, victimes de la barbarie Nazie en 1944. Un drame absolu perpétré contre des civils innocents, qui scella une vie d’engagements de Camille pour la paix, le devoir de mémoire, notamment auprès des plus jeunes, pour ne pas oublier ce qu’est le fascisme, dont l’extrême droite est à bien des égards aujourd’hui l’héritière.
Une vie d’engagement politique et syndical avec la CGT en tant que postière aux chèques postaux. C’est avec un esprit toujours aussi vif que Camille raconte son combat syndical au quotidien pour les revendications, dans un contexte de répression syndicale anti CGT, exacerbé par la guerre froide et les injonctions du Plan Marshall.
Une bataille syndicale au quotidien, dont Camille nous révèle l’intensité, le combat contre le fatalisme, les victoires arrachées qui contribuèrent au mouvement social de grèves d’ampleur de 1953 qui marquera l’histoire sociale du pays.
Même non-gagnant, ce mouvement changera tout
C'est ce que nous dit Camille avec une étincelle dans le regard.
Il aura permis que les salariés, particulièrement les filles des chèques, prennent conscience de leur pouvoir quand elles sont unies dans la lutte.
Dès lors, le fatalisme laisse la place à un nouvel état d’esprit revendicatif offensif, qui conduira à Mai 1968 et ses avancées sociales.
L’émotion est là. Camille porte un regard inquiet sur l’évolution du monde, le retour des obscurantismes et un capitalisme générateur de guerre. Loin du fatalisme, elle nous confie, lucide, combien les nouvelles générations, particulièrement, vont avoir à poursuivre la lutte dans ce monde pour la conquête de jours meilleurs.
En ces temps de guerre, une fois de plus, les civils, les travailleurs, les enfants et les femmes sont les premières victimes. Un contexte propice aux divisions, exacerbées par des décideurs qui, de partout, parlant en notre nom, ont du mal à prononcer ce mot : «Paix», préférant céder aux instincts belliqueux, avides de domination, de pouvoir, de confiscation des libertés et des richesses produites par les travailleurs du monde.
Le parcours de vie de Camille doit être une contribution qui démontre que le combat pour la paix et pour la justice sociale sont intimement liés.
Il est le ferment de l’engagement et des valeurs de la CGT depuis 1895, et plus que jamais d’actualité en 2023.
Christian Mathorel, secrétaire Général de la CGT FAPT